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ELEVAGE
04.02.2016

CRISE INFLUENZA AVIAIRE - Pourquoi j’accuse les industriels de la filière canard et le gouvernement de procéder à l’éradication des éleveurs traditionnels ?

C’est dans un climat de peur des réactions du marché à l’export et de stratégie commerciale interne aux grands groupes que la filière canard gras a dicté le processus d’éradication du virus aviaire. La conséquence directe pour les petits élevages se résume en une somme de mesures sanitaires radicales, inconsidérées et insoutenables.

 

Le scénario de sortie de crise proposé par les industriels va déboucher sur une brutale restructuration au profit des plus gros opérateurs. Les éleveurs traditionnels aux cahiers des charges et normes de qualité spécifiques et très exigeants seront très rapidement éliminés par de nouvelles contraintes intenables car inadaptées à leur mode de production ainsi qu'à leur volume.

A qui profite le crime ? Tout d'abord au cartel des gros industriels qui va épurer la filière non seulement des élevages à la ferme mais aussi des petits intégrateurs et des artisans transformateurs. Une bonne occasion pour uniformiser et concentrer la filière dans la perspective de construire un ou deux géants agro-alimentaires du marché mondial.

Mais cette stratégie d'expansion d'entreprise industrielle construite sur l'élimination des éleveurs traditionnels ne pourrait pas se réaliser sans l'accord du gouvernement. Celui-ci a accompagné le funeste projet des industriels car il dessine ainsi un futur agricole dirigé par les seules normes industrielles. Dans la perspective du traité de libre échange transatlantique chargé d'harmoniser les normes commerciales entre Europe et États-Unis, cette nouvelle donne est de nature à faire évoluer les discussions. Les normes agricoles font partie de ces sujets difficiles à accorder de part et d'autre de l'Atlantique. Jusqu'à ce jour la France défendait les signes de qualité et les critères d'appellation d'origine liée au terroir et au savoir-faire collectif des paysans. Les USA privilégient une agriculture aux pratiques industrielles défendue par des logiques de marques privées. C'est cette orientation qui est imposée aujourd'hui à la filière canards et qui préfigure le paysage agricole français de demain. Avec l'élimination des éleveurs traditionnels et de leur savoir faire agricole l'on s'apprête à tirer ainsi un trait sur des siècles de pratiques d'élevage, de culture alimentaire et gastronomique uniques au monde. Les agriculteurs directement concernés n'ont pas été consultés et s'opposent au traitement qui leur est imposé. On n'a pas demandé non plus aux consommateurs s'ils étaient d'accord pour voir disparaître leurs approvisionnements fermiers et il est raisonnable de penser qu'ils ne sont pas prêts à plébisciter la malbouffe à l'américaine. Et qui se soucie du citoyen français à qui l'on impose un changement déterminant dans le développement agricole qui va bouleverser en profondeur la totalité des territoires ruraux ?

Un règlement satisfaisant et salutaire de cette crise aviaire ne pourra pas se faire sans l'implication et le respect de tous ces acteurs dont la majorité a été largement abusée.

Christian CROUZET, porte parole de la Confédération paysanne du Lot-et-Garonne


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